Depuis quelques années, l’univers des marques connaît une véritable effervescence. Loin d’être figée, l’identité des entreprises évolue, s’ajuste, se déconstruit pour mieux renaître. Reprendre et réinventer la marque s’impose comme un enjeu stratégique : attirer de nouveaux publics, répondre à une société mouvante et, à l’aube de 2025, intégrer innovation, durabilité et émotion. Les grandes mutations de 2024, qu’elles soient vécues comme des ruptures ou des retours à l’essentiel, illustrent à quel point chaque décision façonne non seulement la perception, mais aussi la performance sur le marché. Face à ces défis, relancer une marque ne se résume jamais à une simple histoire de logo. Il s’agit d’un équilibre subtil entre racines et projection vers l’avenir, où chaque choix engage l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise.
En bref :
- La relance de marque nécessite un diagnostic stratégique rigoureux et une vision alignée sur les attentes de ses publics.
- Rebranding réussi ou manqué : Decathlon, Jaguar et Lydia/Sumeria illustrent la complexité de la démarche et ses risques.
- La cohérence entre ADN, storytelling, design et stratégie commerciale demeure essentielle.
- Rénover son image peut renforcer ou affaiblir la fidélité, selon la capacité à écouter et mobiliser clients, partenaires et collaborateurs.
- Le succès réside dans l’ancrage, la clarté des objectifs et l’agilité à adapter sa marque aux bouleversements sociétaux.
- Des experts recommandent une feuille de route mêlant conseil, analyse de performance et innovation continue pour relancer efficacement une marque endormie ou affaiblie.
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Réinventer la marque : comprendre les enjeux contemporains
La notion de reprendre et réinventer la marque s’est imposée comme une priorité dans les conseils d’administration des entreprises confrontées à l’évolution rapide du marché en 2025. Cette démarche n’est plus réduite à la simple modernisation d’un logo ou d’une charte graphique ; elle concerne l’ensemble de la proposition de valeur, le positionnement, et même le modèle économique. Évolution des comportements consommateur, avènement du digital, montée des enjeux écologiques : tous ces facteurs ont radicalement transformé les fondations sur lesquelles reposeront les marques de demain.
Prenons l’exemple d’une marque patrimoniale récemment revitalisée : la société fictive “Belles Racines”. Après vingt ans d’activité en perte de vitesse, elle a commandé une analyse de ses signaux faibles via des outils de diagnostic adaptés à son secteur. Ce processus a mis en lumière la déconnexion entre ses supports traditionnels et les nouveaux modes de consommation connectés. Pour contrer cette tendance, “Belles Racines” a revu ses codes graphiques, adopté une stratégie de visibilité digitale et engagé un storytelling autour de l’artisanat local et de la durabilité.
Ce type de repositionnement devient nécessaire pour répondre à une demande accrue d’authenticité, d’innovation et de transparence. Loin de se limiter à une opération cosmétique, reprendre et réinventer la marque exige une réflexion de fond sur la mission, la vision et les valeurs de l’entreprise. À titre d’exemple, plusieurs enseignes européennes de distribution, telles que Decathlon, se sont fixées comme objectif en 2024 de rendre le sport accessible tout en s’engageant pour la planète. Ce repositionnement n’est pas qu’une question de forme, mais un engagement concret, visible et mesurable.
À l’heure de la sobriété numérique et des débats sur l’empreinte écologique, le moindre changement d’identité est scruté. Le choix des couleurs, des matériaux publicitaires ou encore la gestion de la communication en temps de crise deviennent stratégiques. Répondre à ces exigences implique souvent de mettre à jour son modèle économique, voire de pivoter intégralement sa proposition de valeur comme le suggère cette analyse sur le pivot des business models. Chaque ajustement s’accompagne d’un risque : déstabiliser les fidèles au profit de nouvelles cibles, ajuster ses processus internes, former ses équipes et revoir le parcours client.
En somme, repenser une marque, c’est se situer dans la tension permanente entre histoire et modernité, sécurité et innovation. La réussite dépendra de l’équilibre entre audace et respect des valeurs qui ont forgé la notoriété initiale.
Stratégies de relance de marque : analyse de cas concrets
La relance de marque peut prendre différentes formes, du renouveau progressif à la rupture radicale. Ces dernières années, plusieurs entreprises ont expérimenté avec plus ou moins de succès diverses stratégies, illustrant la pluralité des scénarios envisageables. Repérer le bon moment pour relancer sa marque n’est pas aisé ; cela requiert d’analyser en profondeur les besoins de l’entreprise et les attentes de ses consommateurs.
Examinons trois approches à travers des exemples récents : l’audace visionnaire de Jaguar, la prudence de Decathlon et le pari risqué mais instructif de Lydia/Sumeria. En novembre 2024, Jaguar s’est lancé dans une refonte majeure, misant sur une image de constructeur automobile électrique haut de gamme. En supprimant son emblématique félin au profit d’un logo typographique moderne, la marque illustrait le désir de rajeunir son audience et de se positionner à l’avant-garde de l’innovation. Cette démarche a toutefois suscité des débats : fallait-il sacrifier les ancrages historiques pour attirer les nouvelles générations ?
Le principe est le suivant : pour réussir la relance, il faudra mesurer la capacité de la marque à faire évoluer ses fondamentaux sans perdre ses repères. C’est ce que Jaguar a tenté en misant sur le modernisme exubérant et un marketing audacieux, allant jusqu’à exclure ses propres véhicules de la campagne publicitaire.
En contrepoint, l’affaire Lydia/Sumeria a démontré combien une relance peut être risquée quand elle ne s’ancre pas dans une attente réelle du public. En modifiant son nom et son identité pour s’imposer sur le marché européen des néobanques, l’application de paiement a perdu le lien émotionnel avec ses utilisateurs et dû, après six mois, faire machine arrière. Cette leçon rappelle que le design n’est efficace que s’il épouse une stratégie claire, fondée sur l’écoute et l’analyse des comportements clients.
Enfin, l’exemple de Decathlon montre une autre voie. La chaîne a modernisé sa charte, introduit l’Orbite comme symbole du mouvement et de la circularité, tout en préservant les essentiels de son patrimoine visuel. Résultat : la marque s’offre une nouvelle jeunesse sans décevoir sa base historique. Ce cas met en lumière la notion d’évolution contrôlée, où chaque modification s’inscrit dans la continuité, dans le respect de l’ADN initial.
Quelques règles émergent :
- Évaluer précisément l’état de la marque avant la relance.
- Impliquer les équipes et les parties prenantes très en amont.
- S’appuyer sur des études de marché approfondies pour définir les attentes actuelles.
- Adapter la stratégie en fonction du retour des premiers utilisateurs.
- Assurer une cohérence entre le récit, l’image et la réalité des actes.
Celui qui veut reprendre et réinventer la marque devra parfois choisir entre disruption ou consolidation, en s’adaptant constamment au contexte et aux cycles de vie du produit.
Le prochain volet aborde la façon dont ces stratégies se transforment en projets opérationnels ou en démolitions contrôlées pour accueillir le renouveau.
Scénarios de démolition de marque : entre nécessité et renouveau
L’évolution ne va pas toujours dans le sens de la continuité : il arrive qu’une marque doive être déconstruite totalement pour renaître ou céder la place à une nouvelle entité plus adaptée au marché. Les scénarios de démolition interviennent lorsqu’une marque est jugée trop abîmée, obsolète ou incompatible avec les nouvelles orientations stratégiques de l’entreprise. Démolir une marque ne signifie pas tout effacer, mais plutôt trier pour mieux reconstruire.
Les motifs qui poussent à cette décision sont multiples : scandale, perte d’attractivité, incompatibilité avec les nouveaux objectifs, ou encore fusion-acquisition. Plusieurs enseignes historiques y ont eu recours, parfois avec succès. Par exemple, la refonte de Gap en 2010, abandonnée en sept jours, a mis en lumière l’importance capitale de l’ancrage émotionnel auprès des fidèles. Ce phénomène se retrouve également dans le cas de Lydia/Sumeria, illustrant les risques d’un changement trop brutal.
Pour mieux comprendre les enjeux, analysons les leviers opérationnels activés lors d’une démolition :
- Phase diagnostique pour comprendre l’origine de la défaillance.
- Communication transparente auprès des collaborateurs et publics cibles.
- Définition de la feuille de route pour la transition, incluant storytelling et gestion de crise.
- Accompagnement des parties prenantes dans l’acceptation du changement.
Un accompagnement rigoureux est essentiel, comme en témoignent les recommandations des experts de l’agence JPM Partner, qui prônent une approche méthodique en amont et en aval, de l’état des lieux jusqu’à la mesure d’impact via des outils de gestion d’imprévus.
Certains secteurs, comme la grande distribution ou l’industrie, optent parfois pour le “revival” d’anciennes marques au potentiel sous-exploité, plutôt que d’investir dans la création ex nihilo. Cette stratégie permet de capitaliser sur une histoire riche et de profiter d’un capital sympathie, tout en insufflant une énergie nouvelle.
Démolir une marque, c’est aussi savoir valoriser les « vieux pots » pour en extraire une authenticité recherchée. Ce choix peut accélérer les parts de marché à moindre effort, générer des économies et relancer une dynamique collective interne.
Un dernier point : la phase de reconstruction doit impérativement être outillée avec des indicateurs de performance clairs, validés par toutes les parties. Cette méthodologie garantit que la nouvelle marque – ou sa version restaurée – s’installe avec force et cohérence sur le marché.
Planification et outils pour revitaliser une marque en sommeil
Réactiver une marque demande bien plus qu’une simple campagne de communication. Il s’agit d’un projet de longue haleine, impliquant des outils de diagnostic précis, une méthodologie structurée et une gestion des changements calibrée. La première étape reste le diagnostic : analyser en profondeur les faiblesses et les atouts, détecter d’éventuels signaux d’essoufflement et poser les bons objectifs. Un comparatif d’outils de marketplace met souvent en avant l’importance de l’adéquation entre le support technologique choisi et la stratégie de marque à revitaliser.
Les experts préconisent ensuite l’élaboration d’une feuille de route, qui englobe :
- L’état des lieux du capital marque : notoriété, image perçue, attachement émotionnel.
- La définition des enjeux stratégiques : conquête de nouveaux marchés, réconciliation avec le public, revalorisation de l’offre existante.
- L’identification des parties prenantes clés et la constitution d’une équipe dédiée.
- La mise en place d’un calendrier et d’outils de pilotage (KPI, feedback client, baromètres de réputation).
Pour illustrer, prenons l’exemple d’une PME fictive, “Epure”, qui souhaite relancer une gamme patrimoniale. Après une phase d’analyse, la société choisit de relancer son storytelling en capitalisant sur la transmission, l’artisanat d’excellence et l’innovation autour de l’écologie locale. Un tableau de bord de suivi des performances est déployé afin d’ajuster la stratégie au fil des retours clients.
D’après l’expérience de nombreux consultants, la réussite d’une relance dépend également de la capacité à fédérer les équipes autour d’un projet commun. Des ateliers de co-création sont alors organisés pour recueillir les idées de tous, réduire les résistances internes et renforcer l’appropriation du projet. Ce processus s’accompagne parfois d’actions périphériques comme la formation, le coaching en communication ou la mise à disposition de bonnes pratiques, mises à jour régulièrement grâce à des plateformes telles que les retours utilisateurs en 2025.
Tout projet de relance efficace nécessite aussi la pose de critères d’évaluation : nombre d’interactions, taux de conversion, évolution de la notoriété, ou retours média. Ces données, croisées au fil du temps, permettent d’orienter la stratégie et d’anticiper les écueils. Cette logique d’amélioration continue s’inscrit dans une optique de performance sur le long terme, condition de réussite en 2025.
Quand la marque reprend vie, l’élan se diffuse en interne et renforce la cohésion d’équipe, véritable levier pour réinventer son avenir.
Perspectives pour l’avenir : marques et stratégies en mutation
L’avenir des marques s’annonce résolument ouvert aux transformations, tant sur le fond que sur la forme. La montée en puissance de la personnalisation, la nécessité d’inclure la durabilité et l’émergence de nouveaux canaux digitaux imposent aux entreprises une agilité sans précédent. Les stratégies de reprendre et réinventer la marque devront conjuguer technologie, culture et humanité pour rester pertinentes à l’ère du tout numérique.
Désormais, chaque interaction, chaque campagne, chaque innovation sera l’occasion de réaffirmer une position, de susciter l’engagement ou d’interroger ses propres certitudes. Les cas de Decathlon et Jaguar ont démontré en 2024 que l’attachement émotionnel des consommateurs pouvait être démultiplié par des actes forts, à condition qu’ils soient suivis dans la durée par l’ensemble de l’organisation. Inversement, les retours négatifs essuyés par Lydia/Sumeria prouvent l’importance cruciale d’un maintien de la cohérence entre le souvenir collectif et la nouvelle promesse de la marque.
À l’avenir, la relance de marque pourrait être facilitée par l’intégration de l’intelligence artificielle dans le suivi des campagnes, l’automatisation des feedbacks clients, ou la co-création de produits par les utilisateurs, selon des tendances décrites dans cette étude sur l’avenir des marques créatives. Le modèle du “minimum viable brand” – tester des identités par itérations rapides – s’impose en parallèle des démarches plus classiques et longues.
Anticiper les évolutions du marché nécessite également d’intégrer une gestion proactive des risques et des opportunités, comme l’envisage ce dossier sur les opportunités de fin d’année pour les entreprises. Enfin, l’essor des économies circulaires, l’accent sur la transparence et la collaboration accrue entre marques et consommateurs entraîneront la mutation continue des scénarios de relance, poussant les professionnels à rester constamment à l’écoute des tendances et des signaux faibles.
Réussir à reprendre et réinventer la marque en 2025 consistera à allier fidélité et adaptabilité, à renforcer les liens d’attachement tout en osant bouleverser les codes, dans un dialogue exigeant avec l’ensemble des parties prenantes. La marque sera plus que jamais une aventure humaine, collective, innovante.




